Message culture 2016–2019 : première prise de position de Suisseculture
L’Office fédéral de la culture (OFC) a annoncé en juin qu’il s’apprêtait déjà à entamer les travaux relatifs au nouveau message sur l’encouragement de la culture. L’OFC tient manifestement à y associer d’emblée les associations, même s’il ne prévoit dans cette première phase qu’un seul interlocuteur du côté des artistes : Suisseculture. Les différentes associations auront par la suite l’occasion de s’exprimer sur le prochain message, en particulier au sujet des questions qui tiennent à coeur aux divers domaines.
Suisseculture a accepté cet été le mandat de formuler, d’entente avec ses associations membres, une première prise de position sur la base des questions posées par l’OFC. Suisseculture a abordé en résumé les aspects suivants :
L’OFC pose d’emblée comme condition-cadre qu’il ne faut pas compter sur des fonds supplémentaires pour la prochaine période d’encouragement. Suisseculture s’oppose fermement à cette attitude, car pour elle il est clair que les moyens actuellement à disposition ne permettent pas de réaliser les objectifs de politique culturelle de la Confédération. Il faut absolument tenter d’obtenir davantage de fonds, et elle attend de l’OFC qu’il s’engage en faveur d’une augmentation des moyens financiers mis à disposition.
Du point de vue de l’AdS, ce manque de moyens est manifeste (la prise de position de Suisseculture le dit explicitement) précisément dans le domaine de la littérature et de l’encouragement de la lecture, qui figurent certes en bonne place dans le Message culture 2012 : mais les moyens alloués ne suffisent pas, aujourd’hui déjà, pour appliquer toutes les mesures qui seraient pertinentes et efficaces. Le refus de la loi sur le prix du livre en votation a pourtant bien montré, même aux politiciens qui n’en auraient pas encore été conscients, que la littérature fait l’objet d’un soutien insuffisant. Sans augmentation des subsides, il est impossible d’améliorer l’encouragement fédéral de la littérature.
Suisseculture dit ne pas être vraiment en mesure d’apprécier à l’heure actuelle quels sont les domaines pour lesquels un changement fondamental de la politique d’encouragement serait nécessaire, car il n’a pas encore été possible d’évaluer les effets de la mise en oeuvre du Message culture 2012. Il est néanmoins déjà clair que l’encouragement doit tenir compte davantage qu’à l’heure actuelle des cultures des immigrants.
Le dialogue culturel national, qui a été renforcé par le premier message, paraît à Suisseculture très important pour les années à venir également. Il reste cependant unilatéral sans la participation des acteurs culturels, que ce soit à titre individuel ou en tant qu’institutions. Il faut donc élargir le cercle des participants à ce dialogue.
Depuis le rapport Clottu (1975), la Suisse n’a plus procédé à un état des lieux de l’infrastructure, de la formation, des activités et des organes de promotion, privés et publics, dans le domaine de la culture. Un tel état des lieux permettrait d’établir l’importance sociale des arts et de la culture. Un nouveau rapport devrait (et pourrait, étant donné le temps à disposition) servir de base objective au Message sur la culture 2016 et au-delà. Une base solide est nécessaire pour les discussions à venir sur les objectifs, les moyens, les mesures à prendre, les compétences et les collaborations à promouvoir entre les différents organes et les différents plans étatiques.
Enfin, on ne saurait répéter trop souvent ni trop résolument que l’encouragement de la culture ne doit pas consister à lancer des projets mais à créer de bonnes conditions-cadre et à soutenir des projets d’acteurs culturels et d’associations culturelles. Pour Suisseculture (et pour l’AdS), l’encouragement étatique doit vérifier ce que ces projets peuvent apporter, mais non en lancer. Les thèmes dits « transversaux » ont été remis en question par pratiquement tous les participants (cantons, communes, organisations culturelles) à l’audition sur le Message culture 2012, ce dont le message a aussi tenu compte, comme on peut le lire au point 5.2 : « Les réserves émises par les cantons et les villes au cours de l’audition quant aux éventuels frais supplémentaires occasionnés par les deux thèmes transversaux de la Confédération ont été prises en compte: les institutions fédérales se borneront à soutenir peu de projets de tiers. » Certains programmes d’encouragement de la culture peuvent toutefois, selon Suisseculture, se révéler judicieux dans le cadre des échanges culturels s’ils contribuent à approfondir des questions pertinentes pour la société et s’ils sont à même de les traiter de façon plus rapide. Ceci n’est toutefois possible que si des moyens financiers supplémentaires sont à disposition en quantité suffisante.
Pour terminer, Suisseculture s’est encore exprimée de façon détaillée sur la nécessité de dresser des statistiques culturelles complètes et sur la question de la sécurité sociale des acteurs culturels.
La version intégrale de cette prise de position peut être consultée sur Message culture 2016–2019.