Communiqué de presse : L’A*dS défend la profession de traductrices et traducteurs

En sa qualité d’association des autrices et auteurs ainsi que des traductrices et traducteurs, l’A*dS s’engage pour les droits de ses membres. Actuellement, vu le développement de l’« IA », on a l’impression que la profession de traductrices et traducteurs perd beaucoup de son prestige et de sa valeur. Pour attirer l’attention sur ces disfonctionnements, notre association publie une prise de position, élaborée lors du 15e Symposium suisse pour traductrices et traducteurs littéraires. Car une chose est sûre pour l’A*dS : l’« intelligence artificielle » ne constitue en aucune façon une alternative à la création humaine.

En décembre 2023, le 15e Symposium suisse pour traductrices et traducteurs littéraires, organisé comme tous les ans par l’A*dS, s’est particulièrement consacré à l’automatisation de la traduction dans le domaine de la littérature. Pour appréhender le phénomène en Suisse, un groupe de projet dirigé par la traductrice Anita Rochedy a procédé à une étude complète, financée par Pro Helvetia.
Cette étude quantitative a été menée auprès de traductrices et traducteurs vivant en Suisse et travaillant dans l’édition de livres, indépendamment de leur affiliation ou non affiliation à l’A*dS. Pour l’étude qualitative, on a confié des textes à un groupe de cinq traductrices et traducteurs tests. Les participantes et participants à l’étude avaient pour tâche de retravailler un texte traduit par l’«IA» selon différentes consignes (entre autres, en utilisant DeepL en guise de dictionnaire). Les résultats détaillés de l’étude se trouvent sur le site Internet de l’A*dS. En résumé, on peut dire ceci :
Dans le meilleur des cas, retravailler un texte prétraduit par l’« IA » n’entraîne pas de gain de temps, dans le pire des cas, c’est une perte de temps énorme. Les diverses expériences prouvent également qu’à terme, traduire suppose la capacité de réfléchir et d’analyser et que cette capacité exige une sensibilité dont les machines sont jusqu’à présent dépourvues.
Penser que la traduction littéraire peut se passer de ces éléments de création, de réflexion et d’humanité, ne constitue pas seulement un risque pour la profession, mais menace aussi d’aboutir à un appauvrissement sensible de la langue. Il se pourrait que certains textes, dont personne n’assume la responsabilité, deviennent socialement acceptables ; ce serait la fin de la dimension sociale et du caractère de médiation entre personnes inhérent à chaque traduction ; il n’y aurait plus aucune analyse critique des textes.
Dans le contexte de l’«IA », une question se pose encore : celle du droit d’auteur. Les traductions générées par la machine existent uniquement parce que la machine exploite le travail de traductrices et traducteurs, plus précisément parce qu’elle a été nourrie de traductions humaines dont une partie est protégée par le droit d’auteur. C’est dire que ces textes et traductions existent dans une zone grise de la « création intellectuelle ».
L’A*dS estime que, dans le domaine littéraire, les traductions générées par l’« IA » ne peuvent être considérées comme une alternative aux traductions réalisées par les humains. On met ainsi imprudemment en danger une profession ; c’est pourquoi l’A*dS exige

  • une entière transparence en ce qui concerne l’utilisation de l’« intelligence artificielle » dans les traductions ; les textes prétraduits par la machine doivent être signalés comme tels,
  • l’obligation de produire une autorisation (cession des droits) et la participation aux recettes lorsque les traductions ont contribué à l’entraînement des programmes générateurs,
  • une politique de régulation claire, formulée par l’État, pour ce qui est de l’« intelligence artificielle » et le renoncement à subventionner les traductions générées par l’« IA ».

Ces revendications s’adressent aux institutions et aux personnes susceptibles de défendre les droits des autrices et auteurs et leur exploitation.
La prise de position complète ainsi que la documentation sur l’enquête du Symposium se trouvent sur le site Internet de l’association.

 

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